Un peu d’humour d’arbitre ....

jeudi 9 septembre 2004, par DDTM

Vos commentaires

  • Le 9 septembre 2004 à 10:33, par DDTM En réponse à : Un peu d’humour d’arbitre ....

    Vous allez participer à un tournoi d’échecs et vous venez de découvrir qu’en plus de vos adversaires, vous allez être confronté à ce mystérieux personnage appelé "arbitre". Qui est-il ? D’où vient-il ? Que veut-il ? Pas de panique !
    Ces quelques conseils vont vous permettre d’entretenir les meilleures relations avec lui et de faire de votre tournoi une expérience enrichissante aussi bien échiquéennement qu’humainement.

    Toute ressemblance avec des situations et des personnages réels, etc.

    1 - Peu importe que le tournoi soit homologué par la FFE, nous n’avons pas le droit d’exiger que vous ayez une licence. N’hésitez pas à nous menacer d’un procès si nous insistons. Cette entrée en matière vous gagnera immédiatement notre respect, et souvenez-vous de l’importance de la première impression.

    2 - Il est scandaleux que les MI et les GMI aient l’inscription gratuite alors que ce sont eux qui ramassent l’essentiel des prix. Surtout quand on considère que nombre d’entre eux ont des noms pas-de-chez-nous et sont sûrement des clandestins sans papiers travaillant au noir pour vous ôter le pain de la bouche. Menacez de nous envoyer l’URSSAF pour faire cesser ce scandale. Nous vous serons éternellement reconnaissants de nous aider à restaurer l’état de droit.

    3 - Ne regardez jamais la liste des joueurs que nous affichons avant le début de la première ronde, même (et surtout) si nous vous demandons d’aller la vérifier. Cela vous donnera une raison de vous étonner de votre absence des appariements et de vous plaindre de notre incompétence.

    4 - Si jamais vous ne trouvez pas votre table, demandez où elle se trouve au premier venu, même s’il n’en a aucune idée et qu’il vous envoie à l’opposé de la bonne direction. Vous pourrez ensuite, en nous voyant, nous reprocher le renseignement erroné qui vous a été donné et décréter que vous ne bougerez plus de là où vous êtes comme si cela allait nous impressionner au point de déplacer votre table à l’endroit où vous avez décidé de piquer votre crise de nerfs.

    5 - Il suffit que vous passiez un coup de téléphone à l’organisateur une semaine avant le tournoi pour que nous soyons tenus de vous apparier à la première ronde, alors même que vous n’avez pas réglé vos droits d’inscription et que vous n’étiez toujours pas là à l’heure de la clôture des inscriptions.

    6 - Si vous nous entendez parler de parties en "1 heure KO", prenez grand soin de rectifier à voix haute qu’il s’agit en fait de 61 minutes KO, car sinon il s’agit de parties rapides, et dissertez pendant un quart d’heure sur la différence entre les deux. Nous nous étions toujours demandé pourquoi tant de tournois avaient brusquement rajouté une minute à leur cadence. De plus, le nombre élevé de tournois continuant à se jouer à l’ancienne cadence de 60 minutes KO créait un risque de confusion suffisamment élevé pour que quelqu’un se doive de corriger cette erreur sur-le-champ.

    7 - Si vous ne savez pas quelle règle s’applique à une situation donnée, inventez-en une. Cela vous donnera l’occasion de stigmatiser notre méconnaissance des règlements quand nous n’appliquerons pas la règle qui n’a jamais existé en-dehors de votre imagination.

    8 - Venez nous poser des questions sur des points de règlement, et levez les yeux au ciel quand nous vous répondons. Cela fait toujours plaisir de savoir que nous sommes appréciés à notre juste valeur.

    9 - Si vous entendez quelqu’un d’autre nous poser une question, approchez-vous, écoutez attentivement, et attendiez que nous tournions les talons pour dire derrière notre dos "ce n’est pas vrai", suivi d’une règle de votre invention ou périmée depuis une dizaine d’années. Prenez soin de le dire à voix suffisamment haute pour que nous entendions, rien de tel pour nous mettre de bonne humeur que d’entendre des gens venir nous débiner dans notre dos.

    10 - Si jamais nous sommes plusieurs arbitres à officier dans le même tournoi et que l’un d’entre nous prend une décision qui ne vous plaît pas, allez, sous couvert de curiosité innocente, demandez à un des autres ce qu’il ferait dans une situation pareille. Avec un peu de chance, nos deux réponses ne seraient pas identiques au mot près, ce qui vous permettra d’exagérer l’ampleur de cette différence et de gloser à loisir sur notre connaissance aléatoire des règlements. N’hésitez pas à déformer légèrement le déroulement des événements, l’expérience prouve que cela améliore considérablement vos chances de trouver une différence entre les deux réponses.

    11 - Si vous accompagnez votre enfant au tournoi, gardez à l’esprit que toutes les autres personnes n’ont qu’un seul et unique but dans la vie : l’empêcher de devenir le nouveau Kasparov, et que tous les moyens leur sont bons. Une telle hostilité vous autorise à prendre les mesures les plus draconiennes pour défendre les intérêts de votre grand-maître en herbe. Par exemple, n’ayez aucune gêne à venir nous annoncer que vous allez casser la gueule au père de l’adversaire de votre enfant, que vous soupçonnez de faire des signaux à son enfant. Souvenez-vous, si nous ne rejoignons pas immédiatement votre point de vue, c’est un signe infaillible que nous faisons nous aussi partie du complot.

    12 - Si vous accompagnez votre enfant, vous pouvez également exiger que nous restions à surveiller sa partie en permanence parce que vous soupçonnez son adversaire de tricher et que cela doit être prioritaire par rapport à tout ce que nous pourrions avoir à faire sur les autres parties. Aucune exigence ne nous semblera chimérique quand il s’agit de rétablir votre bon droit.

    13 - Une fois que sa partie est terminée, venez nous voir accompagné de votre enfant pour contester une décision que lui n’avait pas contestée quand nous l’avions prise. Avec un peu de chance, cela lui enseignera à avoir la même attitude inflexible que vous. Vous ne voudriez pas que votre enfant se laisse marcher sur les pieds sans défendre ses droits, n’est-ce pas ?

    14 - Il est impardonnable que nous ne comprenions pas que quand un joueur joue un coup, dit "nulle ?" en regardant son adversaire, et appuie sur la pendule, il s’agit d’une demande de nulle faite à l’arbitre. N’hésitez pas à nous le faire savoir.

    15 - Nous sommes devenus arbitres parce que nous ne savons pas jouer aux échecs. Comment expliquer autrement que nous ne puissions pas voir que votre adversaire joue au temps avec trois pions de plus ?

    16 - À la fin de votre partie, signez votre feuille de partie, mais n’indiquez pas le résultat, ni par le "1-0" / "½-½" / "0-1" classique, ni même en entourant les noms. Avec un peu de chance, votre adversaire en fera autant, nous obligeant à partir à la recherche de joueurs que nous ne connaissons pas pour savoir quel a été le résultat de votre partie. Même s’il s’agit de la centième fois qu’on nous fait le coup, c’est un grand classique dont nous ne nous lassons jamais.

    17 - Si nous vous demandons de faire moins de bruit après la fin de votre partie, répondez que l’analyse est la partie la plus importante du jeu d’échecs, et lancez-vous dans une diatribe enflammée à propos de Fischer et des grands analystes du passé. Les joueurs qui n’ont pas encore fini leur partie et réclament le silence ne manqueront pas d’être convaincus par la brillance de votre raisonnement.

    18 - Dès que la dernière partie de la ronde est terminée, venez nous harceler immédiatement dans la salle d’arbitrage, pendant que nous enregistrons les résultats, pour connaître votre appariement. Nous adorons travailler avec dix, vingt, trente personnes autour de nous en train de nous bombarder de questions. Si vous avez terminé votre partie en avance, vous pouvez même commencer ce manège dans la salle de jeu avant la fin des dernières parties. Peu importe que les autres n’aient pas encore fini : vous, vous avez fini, donc on peut bien déjà calculer votre appariement, non ? (Toutes ces remarques s’appliquent également à la dernière ronde du tournoi, en remplaçant "appariement" par "classement".)

    19 - Si le joueur avec qui vous êtes en concurrence pour un prix a un point d’avance sur vous avant la dernière ronde, il n’a ps le droit de faire nulle dans sa dernière partie. Peu importe que vous ayez perdu la partie qui vous a opposé à lui deux rondes auparavant, c’est forcément à cause de cet "arrangement" que vous allez repartir bredouille. Profitez-en pour rejoindre l’hystérie ambiante anti-nulles de salon (même si la partie nulle de votre concurrent a été la dernière de la ronde à se terminer) et venir soutenir tout un tas de propositions dénuées de sens et de remèdes pires que le mal, censés mettre fin à ce problème n’existant que dans votre esprit aigri.

    20 - Ne vous gênez pas pour nous faire savoir que nous sommes trop payés pour ce que nous faisons, que vous savez que seul l’argent nous a poussé vers l’arbitrage et que vous n’êtes pas dupes de notre vénalité. Quand nous consacrons un dimanche, un week-end, voire même une semaine complète à un tournoi, au rythme de huit à dix heures par jour, à arriver avant vous et à repartir après vous, à régler vos pendules, à vérifier que vos jeux sont complets, à mettre des feuilles de partie sur vos tables, à noter les coups à votre place quand vous n’êtes pas capables de gérer votre temps de réflexion de manière rationnelle, à résoudre tous les problèmes que peut créer votre imagination fertile, à vous courir après pour que vous daigniez nous informer du résultat de votre partie, au détriment de notre vie sociale, sentimentale ou familiale, sans même pouvoir jouer nous-mêmes, il serait outrecuidant de notre part d’espérer en retirer un quelconque dédommagement, fût-il inférieur au SMIC horaire.

    Ces conseils ne peuvent couvrir le champ de toutes les situations pouvant survenir au cours d’un tournoi, ni régir toutes les questions administratives. Lorsque des cas ne sont pas explicitement réglés par un point de ces conseils, on devrait alors pouvoir trouver le comportement correct en étudiant des situations analogues à celles décrites dans ces conseils. Dans tous les cas, l’observation scrupuleuse de ces conseils vous garantit que vous retirerez de votre tournoi une expérience inestimable et que nous ne vous oublierons pas.

  • Le 9 septembre 2004 à 11:15, par Laurent Casella

    C’est pas bô du tout de ne pas citer ses sources... :evil :

  • Le 9 septembre 2004 à 11:17, par DDTM

    lolo

    C’est pas bô du tout de ne pas citer ses sources... :evil :

    Qui connais Thomas Lemoine ici à part moi ? :evil :

  • Le 9 septembre 2004 à 11:20, par Laurent Casella

  • Le 9 septembre 2004 à 11:50, par DDTM

    lolo

    Bé tous ceux qui lisent Notzaï  😉

    http://www.notzai.info/modules.php?name=Forums&file=viewtopic&p=236#236

    Faux, là c’est ThL ou ThLaussi , pas le vrai !!! 😄  😄  😄

  • Le 9 septembre 2004 à 17:50, par Ludovic Carmeille

    DDTM, ça m’étonne que tu ai oublié une situation qui doit pourtant t’arriver souvent.
    22. Un joueur à plus de 2200 me fait une réclamation. Cette réclamation a l’air plausible et comme son adversaire est moins bien classé et que je ne connais pas bien le réglement, je lui donne raison.
    J’avoue DDTM, je m’inspire de 2 situations où tu étais le protagoniste principal...

  • Le 9 septembre 2004 à 18:16, par DDTM

    Ludovic, tu sais bien que les 2200 ne savent pas jouer, de vraies mazettes  😎
    Il faut dépasser les 2300 pour mériter un tant soit peu de respect  😉  😛